CELIA NUNES
naturaliste en devenir
L'AGROECOLOGIE
La PAC et la transition agroécologique
D’ici 2050, on estime que la population humaine atteindra les 9 milliards d’habitants. Notre mode de production va donc devoir s’adapter pour suivre cette croissance démographique et ainsi que ses nouveaux besoins. L’agroécologie qui se développe de plus en plus peut-elle devenir l’agriculture française de demain ? La Politique Agricole Commune représente 40% du budget européen dont la France qui est le premier pays bénéficiaire. En ce début de l’année 2022, face à la crise climatique actuelle, la PAC est-elle prête à se diriger vers une transition agroécologique en Europe ? Et ainsi apporter une réponse au problème de la faim là où l’agriculture productiviste a échoué ?
---- L’Agroécologie et la PAC, l’Alliance impossible ?
Après la Seconde Guerre Mondiale, afin de retrouver une sécurité alimentaire en Europe, la Politique Agricole Commune alloue des fonds aux agriculteurs en suivant un modèle productiviste. Ces aides étaient distribuées en fonction de la taille de l’exploitation, plus elle est grande, plus les aides sont conséquentes. La PAC est réformée tous les sept ans, et les négociations se font en amont afin d’entrer dans une démarche plus durable. Elle se complexifie au point d’être de plus en plus difficile à mettre en œuvre ce qui pourrait ralentir le processus de la transition agroécologique. L’agroécologie est un modèle agricole souvent défini comme la nouvelle agriculture écologiquement et socialement plus responsable. Elle représente une agriculture durable, respectueuse des équilibres environnementaux et a pour vocation d’optimiser la production alimentaire sans mettre en danger nos écosystèmes. Est-ce que la PAC pourrait devenir un levier vers transition ou n’est-ce qu’une utopie ? D’après Julien Fosse, de l’institution France Stratégie, il est primordial d’encourager nos agriculteurs d’aller dans une démarche durable visant à développer une diversité des cultures tout en supprimant les activités néfastes pour la biodiversité et imposer des taxes sur l’utilisation d’engrais et de produits chimiques. Cependant, il ne faut pas oublier que ces aides ont rôle important d’amortisseur économique alors que près d’un quart des agriculteurs français vivent sous le seuil de pauvreté en 2017 d’après une étude de l’Insee. Changer totalement de mode de production n’est pas chose facile et les producteurs doivent également être garant d’une stabilité économique. Comment trouver une nouvelle PAC qui vise à préserver notre environnement tout en garantissant une sécurité économique pour nos agriculteurs ?
---- La création d’un nouveau système pour une PAC Agroécologique
L’agroécologie correspond à une démarche dont la mise en œuvre nécessite des changements et des aménagements collectifs. Ce mode de production agroécologique est particulièrement bien adapté aux petits paysans qui constituent la majorité de la population rurale soit près d’un milliard de personnes. En permettant à ces agriculteurs d’augmenter leur production avec peu de capital, ces pratiques agricoles peuvent améliorer la sécurité alimentaire et apporter des revenus supplémentaires à une population qui ne cesse de croitre.
Cependant, afin d’obtenir un modèle agricole tel que celui-ci pour faire à la crise climatique actuelle, « On a besoin d’un changement radical », a déclaré l’agronome Marc Dufumier pour Ouest-France. D’après Benoit Dedieu dans l’ouvrage « Quelle politique agricole commune demain ? », publié en juin 2020, notre PAC actuelle est trop flexible et « ne permettent pas une transition à grande échelle ». L’objectif serait de créer un nouveau scénario avec une nouvelle répartition des aides. Une simulation réalisée par France Stratégie pour le nouveau modèle de la PAC propose des bonus pour agriculteurs bio et en polycultures-élevages qui diversifient leurs cultures, les taxes sur les pesticides seront d’abord imposées aux exploitations agroécologiques et celles sur les émissions de gaz à effet de serre impacteront l’agriculture conventionnel et l’élevage intensif. De plus, l’utilisation d’engrais se réduira de 20% pour les cultures « à faible ou moyen potentiel agronomique ». L’intérêt de modifier les taxes de façon progressive a pour objectif de « se donner le temps de suivre les indicateurs environnementaux » et ainsi accompagner au mieux nos agriculteurs dans cette transition et l’adaptation de leurs pratiques.
L’agroécologie est donc bien l’agriculture de demain. Cependant, avec un système agricole toujours plus centré sur l’importation et l’exportation dans un monde où la population ne cesse d’augmenter atteignant les 9 milliards d’habitants dans 30 ans, cette filière agricole fera-t-elle le poids face à une demande toujours plus grande ? La PAC pourra-elle être devenir préservatrice de notre Planète tout en assurant une fonction économique pour nos agriculteurs ?
Célia NUNES, le 21 Janvier 2021